1.
Des feux dorent les piscines des pixels d’un art processeur
Effervescence exposée dans le chlore un instant
Suffisant pour que ma flûte se remplisse d’artifices
Ces bulles ces rosaces ces décolletés blancs
Ces sourires publicité des rois secrets qui désirent
Briller comme ce bouquet final
Sur la couverture d’un périodique local
Tu aimes encore ma taulière à quatre roues
Sans suspension le long de la déferlante du goudron
Surbrillante dans la nuit canicule
Berline à la pneumatique rase
Déboule dévale le flux torve à flanc
Et laissant derrière ses embardées
Ce profond pays de vallées annexé par les riches
Nous jette vers le firmament d’en bas
Baie des anges
Regarde-la
Parée de mer et d’aéroport
Resplendissant décor d’un mauvais soap-opéra
Elle s’éteint après ce siècle sans étoile
Avec sa vergogne de vieille maquerelle
Et toi mon pauvre pote tu trimes
Dans ton coma au gin marie-jeanne
A la recherche d’un son qui ne nous dessoulera pas
Lors que demain nous rallierons très tôt l’Italie
Et notre cancer à moindre taxe tu dis
Alors dormir pourquoi
Puisqu’on ne peut rêver plus
Le lourd beat de club bat sur l’onde que tu as choisie
Paralyse une seconde sous la sueur
Quand au virage s’irise l’ultime stratégie du quadra
Rester immobile dans la tourmente des réseaux
Emerveillés par l’utopie d’un silence
Puis ravive notre braise
Danser une dernière fois
Bientôt nous verrons les premières fées tarifées
Signalant de leur strass que nous parvenons enfin sur le littoral
Puisque les putes ici sont des coquillages
Et révèlent la proximité d’un rivage
Que l’on n’aborde jamais à découvert
Tandis que le laser géant d’une boîte à blaireaux sur la plage
Sillonne l’horizon qui décroit avec notre avancée
A la recherche du dieu made in China
Bon à revendre
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A l’entrée de la discothèque en vogue, la physio-cerbère
Fait la fine bouche de son bec ornithorynque
L’ondoyante vipère dans son fourreau de peau tannée
Aiguise sur la pierre de nos masques son regard sabre
Sonde transperce tranche
Pointe ce destin de son dard french manucure
Aucun mot n’articule les lèvres murailles
Et sur ce fil de baraka qui les relie à la corne fluo
L’élu et sa bande avancent toisent doublent
Les loosers que l’œil aux millions de cils n’a jamais regardés
Trop vieux trop puceau
Trop foncedé trop chemo
Verlan que la couguar emprunte pour lifter sa béance
Et régner sur la basse-cour des coacheuses à minets
Agitant entre ses seins surfaits ce pass du paradis dont ils ont soif
Et les hypnotisant de tout son arsenal de botox et de strass
Elle les autorisera bientôt à laper
Le lait de la divine aigreur entre ses cuisses
Philtre grâce auquel l’apprenti séducteur franchira
Cette frontière de soie qui sépare
L’innocence du style
Mon pauvre pote tu rumines te recoiffes
Mais tu sais même soûl
Que nous sommes désormais invisibles
Nous ne pénétrerons plus jamais ces majestés de la fiesta
Resplendissantes et stupides
Ces palaces de taules qui vibrent battent clignotent
Et s’enivrent sur mix d’un spectre de cames infini
Phares fantômes de ce notre si lent naufrage égrenés
Comme l’Ourse là-haut entre Pampelonne et le Rocher
Dans cette parenthèse de sel et de thunes
Où l’on ne peut pas exister
Si l’on ignore son prix
Ici
Dans ce golfe du néant classe affaires
Ceux qui jouissent du seul pouvoir connu
Dilapider sa jeunesse avec arrogance
S’inclinent et inspirent un épais rail de coke
Dans une seconde de recueillement
Puis vont crâner comme ils ont vu
En streaming en HD en 3D
Sur la multitude des écrans éteints qui les observent
Acteurs de leur propre biopic
Singes de leur propre cœur
Combien plus pro que nous à leur âge
Quand nous étions sans le savoir déjà vintage
Hologrammes agités sur nos podiums techno trance
Mimant les signes extérieurs d’une joie mortelle
Qu’en vérité l’on n’éprouvait même pas
Et qui nous manque désormais
Frédéric Sorgue
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